LES COSMÉCEUTIQUES SE DÉMOCRATISENT

Nés aux États-Unis en 1997, les cosméceutiques connaissent une belle croissance en officine. Portés par une demande couplée des dermatologues et des consommatrices, ces produits techniques, qui revendiquent une filiation médicale, ne se cachent plus.

En une dizaine d’années, les cosméceutiques – contraction de « cosmétique » et « pharmaceutique » – ont trouvé leur place en pharmacie. Cette catégorie de produits, qui englobe à la fois des références dites « interventionnelles » (c’est-à-dire liées à un acte dermatologique ou chirurgical dans le but de préparer ou d’apaiser le soin prodigué) et anti-âge, constitue en effet l’un des segments cosmétiques les plus dynamiques en officine. Les ventes ont décollé de + 10,5 % en valeur et de + 19,4 % en volume*, quand le segment des soins du visage ne progressait « que » de 3,4 % en valeur et 3,8 % en volume sur la même période. Des performances que l’on peut facilement lier à la démocratisation du marché des actes esthétiques. De 2015 à 2017, il a connu des hausses annuelles de plus de 8 % en valeur pour atteindre 8,6 Md€ (source IMCAS – International Master Course on Aging Science2018). Cette croissance régulière devrait se maintenir jusqu’en 2021, portée notamment par la demande aux États-Unis et en Asie-Pacifique. L’IMCAS table sur une croissance des ventes de cosméceutiques de 8,4 % par an, pour finalement représenter 17 % du marché mondial de l’esthétique médicale. « Si la France reste bien loin des États-Unis ou de la Chine, on compte néanmoins plus de 500 000 actes esthétiques par an dans notre pays, indique Grégory Rodet, directeur France de SkinCeuticals, revendiquant la deuxième place du marché des cosméceutiques avec 15% de part de marché valeur (+6 %) et une implantation dans 500 pharmacies, pour l’instant. L’objectif de la marque de L’Oréal Cosmétique Active est de doubler son parc de distributeurs et son activité dans l’Hexagone. « La chirurgie esthétique est désormais entrée dans les mœurs et séduit même les millennials », explique-t-il. En effet, les 18-34 ans font désormais plus d’actes esthétiques (essentiellement des injections d’acide hyaluronique ou de toxine botulique) que les 50-60 ans (source : IMCAS 2019). Pour les aider à mieux se repérer dans son off re courte d’une quarantaine de références, SkinCeuticals (4) a clarifié l’information produits sur ses étuis (principaux ingrédients, promesses, codes identitaire proche de ceux de l’offi cine…) début 2019, pour démocratiser sans désacraliser la marque médicale créée par le docteur Pinnell. Le juste équilibre C’est le défi de bien des marques cosméceutiques. Objectif : « décloisonner le marché et inscrire les produits dans le quotidien des utilisatrices », résume Xavier Chirico, cofondateur de Mediceutics qui vient de lancer une nouvelle Mousse dépolluante enzymatique (2). Le chimiste cosméticien qui défi nit sa gamme courte de quinze références comme « la première interactive patients – laboratoires – médecins » rappelle également : « Nos produits n’ont pas vocation à remplacer les soins eff ectués en cabinet ou en clinique mais à les potentialiser grâce à leurs actions sur le grain de peau, l’hydratation ou la fermeté ». Comme le nouveau Sérum Rétinol 1.5 qui contient un mélange optimisé de rétinol pur à haute concentration et de phyto-rétinol like, actif analogue fonctionnel photostable booster d’effi cacité. « Le développement de ce produit a nécessité trois ans de recherche et nous a permis d’atteindre un objectif d’effi cacité dermatologique optimal tout en minimisant les potentiels eff ets secondaires connus du rétinol qui auraient pu nuire à l’observance du traitement », ajoute-t-il. D’autres positionnent leur off re selon une routine régulière notamment anti-âge global. La marque spécialiste des peelings, Dermaceutic, propriété de la Centrale des L’Oréal se positionne sur la médecine esthétique Le numéro un mondial de la beauté (C.A. 2018 : 26,9 Md€) a envoyé un message fort au marché de la cosmétique. Fin novembre, via son fonds Bold Business Opportunities for L’Oréal Development, il annonçait sa prise de participation minoritaire dans Functionalab. Celui-ci est le leader des cliniques de médecine esthétique au Canada, avec quinze établissements spécialisés dans le rajeunissement sans chirurgie (lasers, injections, cryolipolyse…) sous les marques Dermapure et Project Skin MD. Functionalab, créé en 2009, compte également une marque dermocosmétique, Jouviance, n°1 au Canada (plus de 3 500 points de vente). Elle est aussi vendue chez CVS Pharmacies aux États-Unis et en Asie. « Les procédures esthétiques sont de plus en plus intégrées aux routines de beauté des consommateurs. Avec cet investissement, nous allons pouvoir mieux comprendre leurs attentes en termes de procédures, de gestes esthétiques et leur proposer des routines de soin plus adaptées », a déclaré Brigitte Liberman, directrice générale de la division L’Oréal Cosmétique Active. « C’est aussi une belle opportunité pour la marque SkinCeuticals d’établir un partenariat fort avec un leader canadien des cliniques de médecine esthétique. » Peelings et n°3 du marché des cosméceutiques avec 5 % de part de marché en valeur (+7,8 %)* a, sur ce principe, lancé une DD crème SPF50 (Daily Défense) pour hydrater, corriger le teint et les imperfections (3). Cette démocratisation a particulièrement réussi à Filorga, leader avec 73,2 % de part de marché valeur (+11,6 %)*. La marque que le groupe Colgate a acquis pour près de 1,5 Md€ – soit cinq fois son C.A. d’environ 300 M€ –, s’est historiquement appuyée sur l’expertise de sa division médicale (Fill-Med toujours détenu par Didier Tabary-Kresk) pour construire son catalogue de « médi-cosmétiques ». À l’image de sa dernière gamme anti-âge, Global Repair (1), qui s’adresse aux peaux matures et dévitalisées. « Son cœur de formule, l’Intensive Repairing Factors, est inspiré de techniques de médecine esthétique (mésothérapie, laser, lipofi lling) et associe le complexe NCEF avec ses 50 méso-ingrédients, 3 super nutriments (céramides, omégas 3, 6, 9 et vitamines A, D, E, K) et 4 boosters cellulaires, pour une action corrective et nutritive intense », détaille Marie Pfi ster, directrice de marque Filorga. Car pour Filorga, présente dans près de 2 000 pharmacies, para et parfumeries, « l’effi cacité, la tolérance et la sensorialité sont les clés de l’observance ». La cosméceutique attire d’autres acteurs que médicaux. Des marques de beauté se sont diversifi ées dans la dermatolike. « Il y a une vraie demande en pharmacie sur notre ligne Intensive hyaluronique Institut Esthederm qui a progressé de 40 % en 2019, constate Anthony Lallier, directeur général de Naos France. La crème se révèle être notre première référence sur la marque alors que le contour des yeux affiche la plus grosse progression de la gamme. » La croissance régulière des actes de médecine esthétique encourage les initiatives, y compris chez les plus grands du marché (voir ci-dessus).

 Peggy Cardin-Changizi

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