LE NATUREL N’EST PLUS UN VERNIS

Le marché du vernis à ongles, à la baisse depuis 2015, voit dans la vague naturelle un levier de croissance. Les fournisseurs travaillent la composition pour répondre aux exigences de naturalité sans compromettre la performance produit.

La demande en matière de développement durable devient « une véritable priorité pour les marques et cela se traduit dans les briefs », explique Aurélie Ignaccolo, Product Strategy & Marketing Director chez IL Cosmetics. Pour y répondre, ce fournisseur de vernis à ongles, comme les autres, mise sur des formules plus vertes. Trois solutions de substitution sont possibles : soit avec des vernis dont les solvants sont issus de matières premières biosourcées, soit des vernis naturels dont l’ensemble de la formule est biosourcé, soit des vernis à l’eau dont le solvant est remplacé par l’eau. Les premiers sont issus de matières premières biosourcées comme le manioc, le blé, la betterave, la canne à sucre ou le coton. Ces dernières étant transformées selon des process de chimie verte. Elles remplacent les solvants acétate de butyle et acétate d’éthyle issus de la pétrochimie. « Les performances sont les mêmes entre un vernis biosourcé, dit aussi green, et un vernis classique, a‡rme Pierre Miasnik, CEO de Fiabila. Les solvants biosourcés ne présentent aucune contrainte en termes de texture, de tenue ou de rendu. » Cette formulation permet de proposer des vernis à plus de 70 % d’ingrédients d’origine naturelle, comme ceux de Boho Green Makeup. Les vernis biosourcés demandent une communication adaptée car à la lecture d’une liste INCI, le consommateur ne peut pas di”érencier un ingrédient biosourcé d’un non biosourcé, ils possèdent les mêmes noms. «–Nous mettons l’ensemble des informations sur la traçabilité des ingrédients biosourcés à disposition des marques an qu’elles puissent les valoriser ensuite auprès des consommateurs–», ajoute Pierre Miasnik. Autre réponse des fournisseurs : les vernis naturels. Ils poussent le curseur de la naturalité plus loin car ils sont dépourvus de pigments synthétiques par exemple. « Mais la performance n’est pas comparable car le remplacement des pigments, mais aussi des résines et des plastiants est encore compliqu閻, souligne Pierre Miasnik. Dernière catégorie, les vernis à l’eau qui eux sont des émulsions dans lesquelles le solvant est remplacé par de l’eau. Si le vernis à l’eau se démaquille facilement, il est un produit à part entière surtout utile pour limiter les odeurs, « un atout pour les marchés asiatiques », témoigne le CEO de Fiabila qui voit tout de même cette catégorie de produits se développer.

Un axe de développement global

Ce marché de niche des vernis biosourcés représente aujourd’hui 10 % du marché global des vernis, selon Christian David, président et cofondateur de Kure Bazaar, il a‡che un fort potentiel de croissance. Les vernis biosourcés, dits green, sont actuellement « le plus grand axe de développement » pour Fiabila. « Sur 300 tonnes de solvant, 100 tonnes sont biosourcées », indique Pierre Miasnik. Mais le prix de ce produit reste 40 % plus élevé qu’un vernis classique. « En Europe, les solvants sont encore issus de la pétrochimie alors il faut importer les solvants biosourcés de Chine ou des États-Unis », témoigne-t-il. Même constat pour Christian David, « parfois il nous faut attendre trois mois pour recevoir le produit », complète-t-il. Au-delà de l’origine des matières premières, les fournisseurs se sont engagés dans une démarche clean de leurs lieux et méthodes de production. Premièrement, « les fournisseurs doivent être ables et garantir la provenance et les méthodes de fabrication », témoigne Pierre Miasnik qui cite l’exemple du mica et de l’impact des di”érents scandales sur le travail des enfants dans les mines d’extraction de ce minéral. Fiabila a investi 17 M€ en 2016 et 5 M€ supplémentaires dans un outil de production clean. Cette volonté intègre la mise à jour des équipements, mais aussi la limitation et la gestion des déchets, le recyclage… Comme IL Cosmetics qui travaille sur la distillation des solvants pour pouvoir les réutiliser ensuite. Pour Aurélie Ignaccolo, Product Strategy & Marketing Director chez IL Cosmetics, le prochain challenge est « le développement de formules écoresponsables avec des ingrédients sourcés localement pour réduire l’empreinte carbone ».

Le nail care, une réponse plus verte

Vernis traitants, bases, huiles de soin, dissolvants… ces compléments de gamme améliorent aussi leurs formules pour répondre aux exigences des consommateurs. « Les produits de soin sont très demandés et peuvent être considérés comme une catégorie de produits à part entière et en croissance », atteste Pierre Miasnik, CEO de Fiabila. « Nous avons recruté une biologiste en interne pour pouvoir comprendre les mécanismes de l’ongle et répondre aux différents besoins », ajoutetil. Par exemple, les vernis « current care » incorporent des actifs qui aident à la pousse des ongles. Ils peuvent être incorporés dans les vernis directement, comme dans les vernis Kure Bazaar qui comptent des extraits de bambou et de vitamine E, ou en plus grande quantité dans les bases. Et ils n’amenuisent pas la performance du produit. Autre aspect, les soins et les dissolvants privilégient les formes huileuses et aqueuses, « ce qui permet d’augmenter la part de biosourcé dans les formules », souligne Aurélie Ignaccolo, Product Strategy & Marketing Director chez IL Cosmetics. Et chez Kure Bazaar, « l’eau de dissolvant à la rose est un de nos best-sellers », confirme Christian David, président et cofondateur. Formulé à partir d’un solvant issu d’une distillation de canne à sucre, il démaquille les ongles et hydrate les cuticules.

Anaïs Engler

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